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ATTENTI AL LEONE

Joséphine SASSU

22.11.2007 – 16.02.2008
Aiacciu

Invitée en résidence par le FRAC Corse, Joséphine Sassu a été sollicitée pour le projet  jeux d’enfants. Son intervention dans cette exposition s’inscrit dans un partenariat entre le musée Fesch et le FRAC. Le walldrawing  Attenti al leone  a fait l’objet de plusieurs ateliers conduits par l’artiste avec des élèves de lycées et collèges d’Ajaccio pour les dessins de la forêt qui environne l’animal.

Vues de l'exposition Attenti al leone (2007) Joséphine Sassu au Musée Fecsh

ATTENTI AL LEONE

C’est de l’enfance apparemment qu’il pourrait s’agir. Elle est bien encore là, toujours présente dans l’individu rebelle, l’être qui refuse de rentrer dans le cadre que les adultes lui indiquent pour maintenant et pour plus tard. L’enfance n’a que faire de l’avenir. Elle est un merveilleux présent menacé par la conscience de l’éphémère, cette conscience dont on suppose les animaux heureusement privés. Eux qui ne savent pas que la douleur peut survenir et quand elle est là qu’elle peut cesser, sont tellement dans le présent qu’ils le matérialisent par leur présence même. C’est un rôle qu’ils jouent dans la peinture : charmants ou monstrueux mais plus réels que les personnages en représentation et, en quelque sorte, plus vivants qu’eux parce que signifiant la vie première.

C’est ainsi que l’animal se trouve être le compagnon naturel de l’enfant, son jouet vivant, proche, disponible, différent ; et cet autre est aussi le premier miroir. Joséphine Sassu en a déjà fait l’expérience. In Specchio delle mie brame (1999) elle s’est comparée à plusieurs animaux et s’est imaginée avec leurs caractéristiques dans une série de portraits en pied qui tiennent de l’humour et de la revendication à ne pas être parfaite.

Le lion et l’enfant Amour : cette charmante scène de sauvagerie partagée a bien quelque chose à voir avec ce qui l’occupe.

Dans cette précieuse peinture anonyme du XVIIe Éros s’amuse avec un lionceau. L’animal mordille la dangereuse flèche du dieu, qui plantée, provoque le désir. Ce petit jeu est agaçant comme des préliminaires amoureux. Éros va récupérer sa flèche pour l’envoyer encore et le lion la lui rapportera peut-être… Au passage elle aura atteint ou frôlé une cible aléatoire. L’animal est dompté. Il faut au moins un fauve au puissant petit dieu qui le domine.  Quelque chose de farouche, de cruel et d’innocent les rapproche et en fait des complices : chacun donne de sa nature à l’autre.

Joséphine Sassu délivre l’animal, la part de l’autre et de chacun. Le voilà partout, qui prend une place immense dans le couloir du musée ; ce que l’on craint et qui fait plaisir. Elle réveille une peur délicieuse de l’enfance : être surpris, terrifié (qui sait ?) et heureux de l’être.

Anne Alessandri