Past

Nomadisme

Exposition Collective

17.12.2015 – 16.03.2016
Corti

Trois artistes présentés par trois commissaires vont lire et interpréter les espaces du FRAC à Corte, liant extérieur et intérieur par des projets spécialement conçus pour l’exposition.

« Le nomade ne se déplace pas il habite un espace lisse, traversé de lignes de fuites et de multiplicités. Un espace lisse est un espace ouvert, un espace d’errance, c’est un espace de l’immanence et non un espace strié et fermé sur lui-même divisé en parcelles. » in Le vocabulaire de Deleuze (1).

Francesco Gennari

Vue de l'exposition Nomadisme - Francesco Gennari, Il luogo dove non c'è piùposto per la coscienza (doppio angolo n.11) (2008)

Francesco Gennari (Italie, 1973) réalise des œuvres minimales en utilisant des matériaux variés, tels que le marbre, le verre, l’acier, ou des matières organiques telles que la farine ou le sucre. Tous les matériaux, sans distinctions hiérarchiques, contribuent à la réalisation de travaux caractérisés par une rigoureuse synthèse formelle, au sein de laquelle l’artiste cherche à transférer ses propres états émotionnels. De nombreuses oeuvres, dont des sculptures géométriques, sont présentées comme des autoportraits, exécutés dans certains contextes ou à des moments particuliers de la journée.

Le FRAC Corse présentera deux séries d’oeuvres. La première - Il luogo dove non c’è più posto per la coscienza (2008) - est une observation des frontières de l’atelier de l’artiste. Certains segments du périmètre, mais aussi le bord rectangulaire de deux colonnes, sont mesurés et fidèlement reproduits sous la forme de bandes de perles d’argent. Déplacé dans un nouvel environnement, l’espace physique, le studio, devient lieu mental, idéalement transférable aux quatre coins du monde.

A l’installation de perles est jointe une nouvelle série de dessins, créée après la visite des espaces du FRAC. Réalisés au crayon, ou parfois à la sanguine, avec des lignes fines et rapides, les dessins représentent des paysages mentaux chaotiques et indéterminés, espaces intérieurs où images, souvenirs et idées nouvelles s’entrecroisent produisant un fouillis enchevêtré.

Lorenzo Giusti, Directeur du MAN (Musée d’Art de Nuoro), historien de l’art, commissaire d’expositions.

Juan López

Vue de l'exposition Nomadisme -  Juan López, Soutenir (2015)

Alors qu’il était étudiant des Beaux-Arts de la ville de Cuenca, Juan López (Espagne, 1979) a commencé à réaliser une série d’interventions urbaines utilisant des murs qu’il recouvrait d’affiches collées les unes sur les autres pour couper et recouper avec un cutter jusqu’à révéler ainsi de nouveaux messages iconiques et linguistiques.

C’était en 2002 et, depuis, son travail a été une réflexion continue sur le paysage urbain, sur le nombre de nouveaux stimuli visuels que nous recevons lorsque nous sommes libres de nous promener à travers la ville, mais aussi sur la façon dont le paysage urbain peut pénétrer dans des espaces confinés comme, par exemple, cela est arrivé au Centre d’Art la Panera de Lleida en 2012. Si dans le premier cas, les projets répondaient à l’intérêt que peut susciter une affiche publicitaire, une typographie ou un immeuble en construction, dans le second, son principal objectif était d’interroger l’architecture, la fissuration des murs et permettre à ce qui existait au-delà des murs de pénétrer dans le centre d’art.

Au FRAC Corse, Juan López a réalisé deux types d’interventions : l’une pour les espaces intérieurs, pour laquelle il invente une nouvelle typographie créée à partir des supports qui maintiennent la voûte de la nef centrale ; la seconde, pour laquelle, en partant d’un élément architectural qui est la fenêtre et de la lettre C du mot FRAC présente sur l’un des volets, le mot « aperçue» devient le lien entre l’intérieur et l’extérieur tandis que sa propre signification indique une action : celle du spectateur qui observe le paysage derrière la fenêtre au même moment.

Selon les propres mots de l’artiste, ses propositions sont toujours réalisées à partir des possibilités offertes par les espaces dans lesquels il intervient, visent à « casser et ensuite reconstituer les liens entre les trois éléments qui composent l’équation de mon travail : la cité, la subjectivité et le pouvoir. »

Glòria Picazo, Historienne de l’art, commissaire d’expositions et critique.

Tatiana Wolska

Vue de l'exposition Nomadisme - Tatiana Wolska sans titre (2015)

Tatiana Wolska (Pologne, 1977) est diplômée de la Villa Arson (DNSEP) à Nice. Après ses études, elle a vécu plusieurs années en Corse, partageant un atelier à Ponte-Leccia avec David Raffini. Ses liens avec le territoire restent constants.

Le travail de Tatiana Wolska est singulier, connu et diffusé principalement en France et en Pologne. Lauréate du salon de Montrouge en 2014, elle a aussi exposé au Palais de Tokyo en 2014 et en 2015. Elle a commencé par réaliser ses sculptures à partir d’éléments récupérés, bouteilles en plastiques, chutes de bois… inventant une technique pour chaque matériau. Les formes naissent des gestes précis, répétés et, bien que concrètes et nettes dans leurs contours, elles ne semblent jamais figées mais en transformation : une sorte d’interprétation du non finito.

Ce n’est pas que les sculptures se présentent comme inachevées mais plutôt qu’elles semblent pouvoir évoluer, comme animées d’une vie propre. Il en est de même des œuvres sur papier. Parce que l’aléatoire ne correspond pas à un dessein ni à un état mais à un impératif du vivant, du mouvement. Organique, le terme est beaucoup employé à propos de l’œuvre de Tatiana Wolska qui l’associe à l’idée du parasite.

Au FRAC Corse à Corte, Tatiana Wolska, utilisera le bois prolongeant la complicité du partenariat avec Les Charpentiers de la Corse. Elle interviendra dans des zones et surfaces que Francesco Gennari et Juan López n’auront pas choisies, intégrant ces données - contraintes délibérément voulues - au travail qu’elle développera dans les espaces intérieurs et extérieurs.

Anne Alessandri, Directrice du FRAC Corse, historienne de l’art, commissaire d’expositions.

(1) Robert Sasso, Arnaud Villani. Ed. Vrin. Collection Les Cahiers de Noesis. 2003