Passé

Aller savoir savoir aller

exposition collective

21.09.2010 – 15.11.2010
Aiacciu
Vue de l'exposition

« […]Là, tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté[…] »
Charles Baudelaire, L’invitation au voyage

Toutes les formes d’art ont vocation à bouleverser les sens de l’être et à déclencher des processus particuliers qui, souvent, se traduisent par une sensation troublante, des plaisirs intenses, comme le sont aussi les rêves.

L’art pose des questions, contraint à la digression des sens et représente une invitation au voyage. La création artistique n’apporte pas nécessairement une réponse à la divagation qu’elle entraîne, mais permet de s’échapper dans sa propre imagination, de rejoindre ses rêves. Ce processus trouve son illustration tant dans l’art  ancien que dans la création contemporaine, et ainsi, la présentation d’œuvres du Palais Fesch-musée des Beaux-Arts aux côtés de celles du FRAC de Corse permet d’instaurer des passerelles entre deux mondes qui trop souvent s’ignorent. Ainsi, la volonté de la direction de la Culture et du Patrimoine de la Ville d’Ajaccio devrait favoriser l’accès, par des associations d’œuvres, à deux univers créatifs qui semblent s’opposer et que tout rapproche.

 

Philippe Costamagna, Commissaire de l’exposition Conservateur des Musées de la Ville d’Ajaccio

Vue de l'exposition

(1) Eugène Delacroix. Souvenirs d’un voyage dans le Maroc

(2)Albert Camus Discours de Suède du 10 décembre 1957 Editions Gallimard 1958.

L’exposition poursuit le partenariat actif entre les deux structures que sont le FRAC Corse et le Palais Fesch – Musée des Beaux-arts. Ces institutions dédiées à l’art ont régulièrement organisé des évènements en collaboration à partir de propositions d’expositions croisant des thématiques communes à l’art classique et l’art contemporain. Cette approche propose un éclairage nouveau sur les œuvres des deux collections qui font références en Corse.

Vue de l'exposition

ALLER SAVOIR / SAVOIR ALLER

Par l’association de ses deux mots Marylène Négro désigne la gare dans le parcours initiatique qu’elle a crée pour la ville de la Rochelle. C’est à la fois une interrogation et une réponse ouverte.

L’exposition conçue avec le Palais Fesch, Musée des Beaux Arts rassemble des œuvres qui, dialoguant entre elles, emmènent le visiteur dans des régions connues ou inconnues, en empruntant des chemins qu’il n’aurait pas pris seul : invitations proposées par les artistes, du réel à l’imaginaire.

Aller ce n’est pas tout à fait partir, c’est jouer avec le mot fatal, se déplacer, avancer vers une destination, rêver, s’en aller à l’infini (où finir). Mais aller n’exclut pas que l’on puisse revenir. Le voyage est cette projection nécessaire. Il n’enferme pas le temps, au contraire il le fuit pour le suspendre.

Le déplacement (sa seule évocation déjà)  compense en quelque sorte le défilement du temps. C’est ainsi, en bougeant, qu’il y aurait le plus de chance de parvenir à établir un rapport acceptable avec lui et, maîtrisant à peine cette angoisse, comprendre un peu du monde et de soi même.

La mer, principe originel, appelle à l’aventure et à la rêverie, à quitter, à voir ailleurs ; son mouvement promet le retour. Elle était l’élément porteur des découvreurs et des grands échanges économiques du XVI au XIX siècle. Pour les artistes restituer sa transparence et ses reflets revenait à saisir les pulsations d’un monde en transformation. Capter l’atmosphère d’un port c’était représenter métaphoriquement une nouvelle puissance et peindre une tempête, alerter sur ses  dangers et sur la fragilité des hommes. Le tumulte de l’Océan inspire réalistes et romantiques. Les artistes contemporains s’intéressent à la mer comme zone frontière. Ils la regardent et la filment en revisitant les points de vue des grands paysagistes et lui conservent son pouvoir évocateur.

Aller savoir-savoir aller suggère  aussi des moments et périodes charnières de transformation d’un état en un autre, de changement d’espace ou de condition : grandir, dormir, veiller, contempler, explorer le proche comme le lointain ;  situations actives pour le corps et l’esprit dans l’incroyable et quotidienne expérience du réel.

Anne Alessandri, Commissaire de l’exposition Directrice du FRAC Corse


« Ainsi de l’art, qui n’est rien sans la réalité, et sans qui la réalité est peu de chose » Albert Camus (2)