Passé

ferro mercurio oro

Claudio Parmiggiani

09.11.1999 – 10.12.1999
Corti
Claudio Parmiggiani ferro mercurio oro au Monte d'oru (1997-1999)

Je me suis rendu en Corse pour la première fois en 1997, à la suite d’une invitation à y réaliser une œuvre.

Lors de ce voyage, j’avais imaginé l’œuvre suivante : quatre grandes portes en fer, situées sur la côte et faisant face à la mer, au Nord, à l’Est, au Sud et l’Ouest du pays, respectivement.

Quatre portes, comme autant d’arrêts d’un circuit mystique, pour protéger la Corse.

Plus tard, j’ai pensé que les vraies portes en fer qui protègent ce pays sont en réalité et avant tout les hommes, qui l’habitent et qui l’aiment.

J’y suis de nouveau retourné, allant vers le sommet du Monte d’Oro, nombril géographique et magnétique de la Corse.

L’œuvre que j’ai réalisée se trouve là. Deux empreintes en Or. Empreintes de mes mains, ouvertes et tournées vers le ciel, concaves, montées et fondues dans le fer et dans l’or, enchâssées dans le rocher et secrètes dans la montagne.

Aucun sentier, aucune indication.

L’œuvre existe avant tout pour les yeux du lieu auquel elle appartient.

Il aurait peut-être été présomptueux de vouloir imposer au regard et à un paysage une œuvre ostentatoire, envahissante, ou de toute façon inutilement antagoniste au lieu.

Pourquoi donc ne pas faire une œuvre en négatif plutôt qu’en positif ?

Une icône d’absence, une forme cachée, une ombre légère, un geste.

Poser les mains sur ce lieu, comme sur du sable fin, rien d’autre.

Uniquement le signe silencieux d’un passage, souvenir d’un regard qui s’est posé un jour, pour un instant, sur cette terre.

Claudio Parmiggiani (1999)

Extrait du Catalogue Claudio Parmiggiani - Ferro Mercurio Oro - FRAC CORSICA /édition Mazzotta

"... ouvertes et tournées vers le ciel, concaves, montées et fondues dans le fer et dans l’or, enchâssées dans le rocher et secrètes dans la montagne.

Aucun sentier, aucune indication.

L’œuvre existe avant tout pour les yeux du lieu auquel elle appartient."

Claudio Parmiggiani ferro mercurio oro dans les salles d'exposition du FRAC CORSICA à Corti (1999)

Tandis que la montagne résonne de cette imprégnation lumineuse et tactile, à Corte, conservées au Fonds Régional d’Art Contemporain, les deux mêmes empreintes de mains, prises dans deux blocs de fonte, reçoivent du mercure. Les pièces de fonderies, posées sur le sol, sont visibles dans leur volume total, leur état entier de sculpture. Les lourdes gouttes s’élargissent et se séparent dans le creux du fer. Epaisseur d’une lumière liquide exprimée du métal, intouchable, dangereuse. Extraordinaire recueillement.

Placée dans des espaces différents et séparés, les deux œuvres qui sont une et chacune, déterminent les conditions d’une transformation de la matière et de la pensée. Il ne manque que le rien qu’elles comprennent pour que s’opère la révélation qui priverait l’homme de son désespoir et de son rôle ; celui de donner au monde cette profonde interrogation et d’en recevoir ce qu’il contient d’impalpable : un destin dans toutes les correspondances de l’Univers.

Anne Alessandri (1999)

Extrait du Catalogue Claudio Parmiggiani - Ferro Mercurio Oro - FRAC CORSICA /édition Mazzotta